Idées reçues

Autour de la population des Gens du Voyage, les fantasmes et idées reçues sont nombreux. Il est donc parfois difficile d'appréhender cette population et d'avoir une idée réaliste de leurs modes et conditions de vie. Voici une liste non exhaustive d'une dizaine d'idées reçues qu'il s'agit de déconstruire dans l'intérêt du respect mutuel et du vivre ensemble. 

Quelques idées reçues à déconstruire

  • Gens du Voyage

1/ Les Gens du voyage ne sont pas français

Souvent perçus souvent comme des étrangers, les Gens du Voyage qui représentent entre 350 000 et 400 000 personnes sont implantés en France depuis plusieurs siècles et ont, pour l'immense majorité, la nationalité française. Il ne faut pas les confondre avec les populations Roms, environ 20 000 personnes, originaires d'Europe centrale et orientale et sédentaires dans leurs pays d'origine. Ces derniers ont souvent quitté leurs pays d'origine pour des raisons économiques ou pour fuir les discriminations dont ils sont victimes.

 2/ Les Gens du Voyage sont tous itinérants

Pour une grande majorité, le voyage est ou a été un mode de vie qui a façonné les identités. La France est l'un des rares pays européens à disposer d’un grand nombre de Voyageurs contrairement aux pays voisins où les Gens du Voyage sont sédentarisés en raison de politiques parfois très anciennes d'assimilation ou de sédentarisations forcées. Toutefois, l'opposition binaire entre sédentarité et itinérance ne suffit pas à rendre compte des différentes façons d'habiter qui vont au delà de l'usage de la caravane. Il existe aujourd'hui en France des "sédentaires" qui se distinguent des "semi-sédentaires" et des "sédentaires à l'année" vivant dans du logement adapté, des terrains familiaux ou du logement classique.

3/ L'argent du contribuable finance les caravanes des Gens du Voyage

Comme toute personne investissant dans un bien, la plupart des Gens du Voyage font des crédits à la consommation pour acheter véhicules et caravanes, à des taux désincitatifs. Ces équipements sont achetés par les Gens du Voyage avec de l'argent gagné et/ou emprunté et non par de l'argent public.

4/ Les Gens du Voyage sont aisés : ils ont de belles voitures

Parmi les Gens du Voyage, comme dans toute catégorie de la population, il existe des différences de niveaux de vie. Concernant les voyageurs, l'argent gagné est souvent investi dans les véhicules et caravanes car en plus d'être leurs lieux de vie, ce sont souvent leurs outils de travail. D'autre part, les véhicules et caravanes sont souvent les uniques biens mobiliers et immobiliers des Voyageurs.

5/ Les Gens du Voyage touchent les Aides Personnalisées au Logement (APL)

La caravane n'est à ce jour pas reconnue dans le Droit français comme un logement - justifiant l'octroi d'une APL - mais comme un véhicule. Ainsi, les Gens du Voyage qui ont un mode de vie mobile ne touchent pas l'APL. En revanche, les Gens du Voyage qui ont un habitat fixe aux normes et une adresse peuvent prétendre à l'APL lorsque leur logement respecte les critères d'attribution de droit commun comme tout citoyen français.  

6/ Les Gens du Voyage sont des voleurs

Les statistiques ethniques étant strictement interdites en France, cette affirmation ne peut être qu'hypothétique et empreinte de multiples représentations négatives attribuées aux Gens du Voyage en général ; elle est le résultat d'amalgames.

7/ Les Gens du Voyage aiment beaucoup vivre dehors, c'est culturel

La culture ne justifie en rien des situations d'habitat indigne ou précaire malgré la conservation d'un mode de vie itinérant pour une partie de la population de Gens du Voyage. 

8/ Les Gens du Voyage ne travaillent pas

Les Gens du Voyage travaillent et payent leurs impôts comme tout citoyen français. Ils sont particulièrement représentés dans certains secteurs du travail indépendant : les activités foraines, le second oeuvre du bâtiment, l'élagage, l'entretien d'espaces verts, le ferraillage, l'artisanat traditionnel, le commerce (marchés et démarchage à domicile) et dans le salariat : les activités saisonnières agricoles ou du second oeuvre du bâtiment. Ils travaillent souvent en tant qu'auto-entrepreneur, en Gironde ce sont plusieurs centaines qui sont déclarés au registre du commerce et au répertoire des métiers et relèvent de la Caisse Régime Social des Indépendants (RSI). Par ailleurs, l'accès à l'emploi salarié est moins fréquent du fait de ces activités indépendantes, en raison de déplacements mais aussi des discriminations dont ils sont les victimes.

9/ Les Gens du Voyage ne déclarent pas leurs activités

Travailleurs indépendants dans l’âme, les Gens du Voyage ont des activités diversifiées : commerce ambulant (vente sur les marchés, porte à porte), activités foraines, brocante et vide-greniers, récupération de métaux, travaux du bâtiment (peinture, maçonnerie, isolation, couverture), entretien des espaces verts-élagage, activités diverses telles que le ramonage, la vannerie, le rempaillage, la tapisserie, la réfection matelas. Les Gens du Voyage doivent, pour exercer ces activités, passer par des déclarations administratives obligatoires. Selon la forme juridique de l'entreprise et le secteur d'activité, les formalités d'immatriculation diffèrent. Lorsque vous êtes amenés à travailler avec l'entreprise d'un voyageur ou que vous êtes démarché dans ce but, vous pouvez demander les justificatifs correspondants (inscription à la chambre de commerce ou à la chambre des métiers et de l'artisanat, assurance professionnelle...).
Les Gens du Voyage font de nombreux travaux saisonniers (fruits, vignes) : ce sont les exploitants agricoles qui les emploient qui déclarent leurs activités. 

10/ Les Gens du Voyage ne sont pas assurés

Il est vrai que l'accès à l'assurance est plus difficile pour les Gens du Voyage en raison des lourdeurs administratives induites et/ou des refus de prise en charge par les organismes concernés. Toutefois, les Gens du voyage font des démarches pour assurer leurs activités et leurs biens pour leur sécurité et celle des tiers. 

11/ Les Gens du Voyage usent et abusent de l'accès aux soins

Malgré les idées reçues, les Gens du Voyage accèdent difficilement aux soins pour diverses raisons : l'itinérance, le travail indépendant et fluctuant et le fort taux d’illettrisme sont autant de freins à leur insertion dans le système de protection sociale. Ils ont pourtant été identifiés comme prioritaires dans le cadre de plusieurs Programmes Régionaux d’Accès à la Prévention et aux Soins (PRAPS). C’est à partir du danger lié à leur habitat, parfois la précarité et leur mode de vie que les Gens du Voyage sont reconnus «population à risque» sur le plan de la santé. Bien que la CMU ait représenté un grand progrès dans l'accès aux soins des Gens du Voyage, l'espérance de vie des populations Gens du Voyage est en moyenne de 15 ans inférieure à celle du reste de la population (cf. diverses études dont celle de Médecins du Monde). La santé des Gens du Voyage se caractérise par une mortalité prématurée, la prégnance d’un certain nombre de pathologies - maladies cardio-vasculaires, diabète, problèmes dentaires - ainsi que l’existence de pathologies liées aux conditions de vie et de travail - saturnisme, cancers, accidents du travail. Les risques pour la santé des enfants et la périnatalité sont aussi plus élevés pour les Gens du Voyage. De plus, la lourdeur des démarches administratives et le recours préférentiel aux services d’urgence par les Gens du Voyage sont un frein à un suivi médical efficace.

Sources: Projet Romeurope « Roms, Sinté, Kalés - Tsiganes en Euro - Promouvoir la santé et les droits d'une minorité en détresse » Actes du colloque européen des 19 et 20 octobre 2000 à Paris; Rapport d’étude de la Direction Générale de l’Action sociale, Direction Jean-Pierre Liégeois, Ed Ecole Nationale de Santé Publique, 2007; « La santé des Gens du Voyage, Réseau Français des Villes-Santé de l’Organisation Mondiale de la Santé, 2010. »

 12/ Les Gens du Voyage ne payent pas leurs stationnements en aire d'accueil

Les Gens du Voyages, lorsqu'ils stationnent en aire d'accueil payent un droit de place pour leurs emplacements -souvent à la journée - et l'intégralité des fluides auxquels ils ont accès - souvent par un système de pré-paiement à des tarifs élevés. Ces aires sont gérées par délégation de Service Public par des Organisme HLM, des Sociétés privées à but lucratif ou en direct, en régie, par les Collectivités. Il existe 29 aires d'accueil en Gironde.

 

 

Documentation

 

Rapports 

 

Revues
Bandes dessinées
  • Morotte P., Ecoute moi, Gadjo. Edité par Syndicat intercommunal d'études pour l'accueil des nomades dans l'agglomération toulousaine (Sieanat), 1992. 
  • Soufflard T., Cazaux G., Le grand large - Tome 1 - Vieillir, c'est pour les p'tites natures; Tome 2 - On ne crapote pas avec l'amour. Edition Casterman, 2003.
  • Galandon K., Bonin C., Quand souffle le vent. Edition Dargaud, 2009.
  • Revenu J. et BURCKLEN J. Les gens du lieu: l'âme du voyageur. édité par l'Association départementale Gens du Voyage de l'Essonne (ADGVE), 2012.
  • Wantiez E., FAWZI, Leprévost T., Alexei & Oburie, Maffre J., Ferlut N. Les années noires: Angoulême 1940 - 1944. Le Troisième Homme. Angoulême, 2015, 88 pages. 
  • Mirror K., Manouches. Editions Steinkis, 2016.
Documentaires
Autre
  • Recueillies par REVEYRAND-COULON O., Histoires de familles de trois Voyageurs installés à Blanquefort. édité par l'ADAV33. Bordeaux, 2013, 89 pages